Mère introvertie

Depuis que je suis maman, j’ai commencé une réflexion sur mes besoins à satisfaire pour assurer ma santé mentale. Avant d’être mère, si j’avais envie de me faire plaisir en allant prendre un café pour un p’tit deux heures, je le faisais et je ne me posais pas de question. Quand j’avais envie d’aller voir un show, je vérifiais le prix et la date, et si c’était raisonnable, j’y allais et je ne me posais pas d’autre question. Quand j’avais envie de revenir du bureau à pied (pour une partie du trajet), je le faisais et je ne me posais pas de question. Vous comprenez le principe. Vous comprenez probablement aussi où je m’en vais avec ça.

Maintenant que je suis maman, je ne peux pas me permettre d’être aussi spontanée. Si je veux faire ce genre de chose, je dois m’assurer que mon chum est là pour s’occuper du bébé, et s’il n’est pas là, je dois me trouver une gardienne. Et chaque fois que je fais ce genre de chose, je me sens coupable de ne pas passer ce moment avec ma fille, de laisser mon chum s’occuper tout seul d’elle et de ne pas m’occuper du bordel qu’est devenu notre appartement. Et de toute façon, comme je suis la seule qui peut finir assez tôt pour aller chercher bébé à la garderie, je ne peux pas souvent avoir l’occasion de faire quoi que ce soit d’autre que courir pour arriver à temps avant l’heure de fermeture de la garderie. (C’est mon chum qui s’occupe d’aller porter bébé à la garderie chaque matin, alors je ne peux pas me plaindre!)

Mais aujourd’hui, je dois faire mon coming out. Je suis une mère introvertie. Vous vous dites peut-être « Ouains, pis? »… En fait, il paraît que l’une des caractéristiques des introvertis est qu’ils préfèrent la solitude pour recharger leurs batteries. Je ne sais pas si c’est une généralisation injustifiée (je n’ai pas réussi à trouver de source fiable qui le confirmerait), mais je sais que c’est vrai dans mon cas. J’aime beaucoup passer du temps avec du monde (que ce soit avec mes proches, pour me rapprocher de connaissances ou pour apprendre à connaître des inconnus!), mais quand mes batteries sont à plat, j’ai BESOIN de me retrouver toute seule, sans personne qui s’attend à ce que je lui parle ou que je m’occupe d’elle/de lui. Je n’ai pas encore réussi à trouver le nombre d’heures idéales de temps pour moi (une heure par jour pendant ma pause, au travail? une heure et demie par deux jours après que bébé soit couché? deux heures, deux fois par semaine pendant que papa s’occupe de bébé? cinq heures par semaine, un peu partout dans la semaine?), mais c’est clair que j’en ai besoin. Ce n’est pas un caprice, c’est un besoin. Plus j’essaie d’ignorer ce besoin, plus je me rends compte que le fait de satisfaire ce besoin est vraiment nécessaire à ma santé mentale.

Je dois donc prévoir des moments pour moi. Je ne peux plus le faire spontanément, et je m’adapte à ça. Vous pourriez me répondre que je peux m’adapter à ne plus passer de temps seule. Je vous répondrais que j’ai essayé (oh que j’ai essayé!), mais je ne suis pas faite comme ça. Mes batteries ne se rechargent tout simplement pas si j’ignore mon besoin. Je deviens frustrée et aigrie, et ça empire tant que je n’ai pas satisfait mon besoin de solitude. Je reviens de ces moments de solitude, et je suis rassérénée et prête à affronter toutes les situations. Des fois, j’ai juste besoin de 15 minutes. La plupart du temps, j’ai besoin d’une petite heure. Et surtout, surtout, je dois arrêter de culpabiliser parce que j’ai besoin de ça. Parce que si je passe toute mon heure à me dire que je suis une mauvaise mère et que je devrais don’ passer ce moment avec ma fille, ça ne sert à rien de prendre du temps pour moi. Ce n’est pas du temps pour moi, c’est du temps pour me taper dessus, et ça je le fais assez souvent merci.

Vous pouvez me juger, vous pouvez me dire que je ne suis qu’une égoïste, vous pouvez me dire que je n’aurais jamais dû faire d’enfant… Tout ce que je peux vous répondre, c’est que je sais que ce n’est pas le cas : je ne suis pas qu’une égoïste et je ne crois pas que je devrais faire l’objet de pratiques eugéniques…

Je continue à réfléchir sur mes besoins et sur ce que je peux faire pour les satisfaire tout en m’assurant que ceux de ma famille sont également satisfaits.

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